"C la Faimg"

Elle a pris l'ascenseur. Tes cheveux en auréole tout autour, tout
autour batifolaient encore d'amour. C'est idiot mais. Mais à mesure
que tu descendais, je savais que notre amour chutait. Que c'était la
dernière fois que tu m'aimais, que je t'aimais, je veux dire
physiquement. Et toi qui descendais et qui descendais, magnifique,
incandescente de beauté... Oh Dieu ! C'était atroce de délices, je
portais déjà le deuil de ton corps. Et toi tout de blanc vêtue. Toi
la noire qui descendais dans un grand et ample manteau immaculé qui
t'enveloppait jusqu'aux pieds et te baptisait blanche. Je n'avais
jamais rencontré Dieu, je ne l'avais jamais touché mais je le
voyais. Il était ton corps. Déesse.

C'était l'hiver. Et toi la noire d'ébène et de jungle, toi la
noire noire, tu portais la neige. J'étais malade d'amour. Je savais
que c'était notre dernier regard. D'ailleurs tu étais déjà partie,
tu avais mis des cheveux neufs. Oui, des cheveux ourlés de boucles
en diadème, tissés de frissons en auréole et griffés de petits noeuds
qui butinaient ta tête comme lucioles. Noirs, noirs, tout noirs de
boucles toutes laquées des soins appliqués de tes mains, toutes
huilées des caresses lustrées de tes doigts qui rutilaient sur
l'immaculé du manteau. Cela tenait de l'ivresse. Ce...

Son manteau tout blanc n'arrêtait pas de descendre et illustrait
un corps de noire. Il lui portait la neige au coeur de l'hiver qui
descendait. C'était la féerie du monde et en même temps ridicule
comme image d'Épinal. Non pire ! Pire ! Comme Las Vegas strass chez
Macdonald. Comme une Blanche Neige caraïbe Walt Disney. Du mauvais
goût le plus souverain. Mais celui qui lève le désir en démesure. En
orgie.

La noire, l'immaculée du manteau au corps noir de neige
descendait. Mais c'était la fin. Tu n'arrêtais pas de descendre dans
l'ascenseur et de partir. En vertige. Elle est partie. Elle est pas
revenue. Le temps s'est arrêté. Je suis petite mort.


Crocodile

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