La poudre aux yeux de l'industrie musicale

On l'entend de toutes parts : les majors de l'industrie musicale vont mal.

A les "croire", la cause est simple : la kazaaïte aigue est une fièvre qui assomme son cheval. L'échange de fichiers musicaux en est la cause essentielle (le peer-to-peer est pour eux le pire du pire).

Enfin c'est ce qu'on nous rabâche à tour de bras ... comme poignée de sable lancée au visage sans réelle argumentation ou fondement précis. Des chiffres, des chiffres .... je veux voir des chiffres!

Les baisses des ventes des majors sont réelles (le nombre d'artistes virés comme des malpropres en témoigne) mais de là à avoir une cause unique, il y a une couleuvre que j'ai du mal à avaler. Beaucoup de petits labels sont prospères et ne semblent pas trop se plaindre.

Eric Nicolas a compilé quelques chiffres intéressants pour mieux comprendre la situation. Il publie un article qui propose une réflexion qui me semble fondée.

Etrange, étrange quand Nicolas se met à gratter : une autre réalité fait surface. En France il semble que le budget "consommation de produit culturel" des ménages n'ait pas été réduit. Il est resté stable. Mais sa distribution s'est diversifiée. Notamment avec le boom des ventes des DVDs: +30% en 2002 et +14% en 2003. Donc l'explication de la baisse des ventes des CDs musicaux s'explique aisément.

Ce que les majors n'osent avouer est explicite ici. Il s'agirait bien d'une perte de part de marché causée par une concurrence commerciale. L'explication d'une disparition de marché volatilisée par des voleurs de droit d'auteur est donc un peu trop facile.

Alors que des initiatives telles iTunes d'Apple ont réellement montré le potentiel commercial de la musique en ligne (un service simple, efficace et bien pensé). L'industrie musicale des majors est en droit de se poser d'autres questions plus critiques sur son business modèle.

C'est un peu comme la sidérurgie dans les années '70 ... des monstres qui ont eu du mal à s'adapter. La plupart ont disparu dans des fracas mémorables.

Il ne serait pas étonnant de constater que la "criminalisation" tant recherchée par les lobbys représentant ces groupes, obtienne un résultat inverse. Ils vont pousser l'ensemble des utilisateurs à mieux découvrir et utiliser le net. Par exemple pour apprendre à utiliser ce qu'on appelle les "darknets". Ces réseaux privés cryptés où tout ce qui se dit et s'échange se fait à titre privé et ne sait/peut plus être suivi.

Les majors se retrouveront une fois de plus le bec dans l'eau ... avec des prises encore plus difficile sur leur marché. Mais la base de toute relation commerciale est certainement de traiter ses clients potentiels avec un peu plus de respect. Ils ont sans doute été assis trop longtemps sur leur mine d'or. Comme un gosse en colère, ils imaginent pouvoir la récupérer en nous effrayant.

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