Une réflexion sur la tragédie à Rafah

Le carnet de Périphéries livre un article de fond intéressant sur la polémique qui a suivi ce qui s'est passé (mai 2004) dans le camp de Rafah.

De son côté, l'Unrwa, agence des Nations unies d'aide aux réfugiés palestiniens, établit le bilan à 45 Palestiniens tués, 45 maisons détruites (et non 180, comme avancé au début), et 98 familles (575 personnes) sans abri. Depuis le début du mois, 155 maisons détruites, estime l'agence. Au total, 1 354 maisons ont été détruites, près de 13 000 personnes sont sans abri depuis le début de l'Intifada. (in Libération)

Il apporte quelques nuances dans les concerts systématiques de critiques et contre-critiques qui nous égrainent les mêmes rengaines à l'infini. Il part du tolé fait autour de l'intervention de Yossef Lapid le ministre de la Justice Israélien qui était scandalisé par l'image de la vieille dame qui grattait illusoirement la terre pour retrouver ses médicaments.
L’image de la vieille femme cherchant ses médicaments dans les ruines m’a rappelé ma grand-mère, expulsée de sa maison pendant l’Holocauste.

Ça se passe toujours comme ça: lorsqu’un Israélien utilise la référence au génocide pour tenter d’ébranler ses concitoyens en suscitant chez eux une identification avec les Palestiniens, sa démarche aboutit à l’inverse de l’effet recherché

Elle a pour résultat de relancer les discours sur la «banalisation» du génocide, sur l’impossibilité de comparer ce qui est incomparable – et de faire purement et simplement disparaître les Palestiniens et les crimes commis à leur encontre. La vieille femme de Rafah qui cherchait ses médicaments dans les décombres de sa maison a d’ores et déjà disparu. La vieille femme de Rafah peut crever. Il n’y a pas de volonté délibérée d’exterminer les Palestiniens, ils ne sont pas assassinés «systématiquement», alors ils peuvent crever: c’est aussi simple que ça. Le problème, c’est qu’entre l’affirmation, vraie en tant que telle, de l’impossibilité de comparer les deux événements, et l’idée qu’une vie d’Arabe ne compte pas, qu’une mort d’Arabe est une broutille négligeable, la frontière est décidément très mince. On pense à cette remarque amère de l’universitaire israélienne Tanya Reinhardt: «Il semble que tout ce que nous avons intériorisé de la «mémoire de l’Holocauste», c’est que tout mal de moindre ampleur est acceptable.» La référence au génocide est utilisée pour rendre inaudible, pour escamoter la souffrance des Palestiniens. Pour frapper un peuple tout entier d’un effacement inéluctable, dont le mur de séparation n’est que la traduction concrète. Et on voudrait nous faire croire que c’est Yossef Lapid qui insulte la mémoire des victimes de la Shoah …


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