Le corbeau trompeur

La Fontaine s'est trompé : le corbeau semble un expert en tromperie.
Il s'agit même de la première espèce non primates à montrer une
stratégie volontaire de tromperie d'un conspécifique.

Thomas Bugnyar et Kurt Kortschal, de la Station de recherche
Konrad Lorenz de Grünau (Autriche), ont entraîné quatre corbeaux
(deux mâles et deux femelles) à repérer des aliments contenus
dans des boites de différentes couleurs. Certaines boites étaient
vides. Un mâle dominé appelé Hugin a rapidement appris à identifier
les boites contenant les meilleurs aliments (82% de réussite).

Problème : le mâle dominant appelé Munin a vite repéré son manège.
A peine Hugin s'avançait-il vers une boîte que Munin surgissait pour
rafler avant lui la meilleure part. Mais Hugin a trouvé une parade :
ayant repéré une boite riche en aliment, il s'éloignait vers une autre
moins bien doté, avec le mâle dominant sur ses pas. Celui-ci se
dirigeait alors vers la mauvaise boite. Pendant qu'il y plongeait le bec
dans une vaine recherche, Hugin retournait en vitesse vers la première
boite et mangeait le plus vite possible la quantité maximale de nourriture.

Cette découverte n'est pas anecdotique. Beaucoup de chercheurs
pensent en effet que la tromperie ou intelligence sociale machiavélienne
est un des moteurs de l'évolution de la cognition. Le fait qu'on la retrouve
aussi chez les oiseaux plaide en faveur d'une contrainte adaptative
générale, ne touchant pas seulement les mammifères sociaux supérieurs.

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