Le 28 mai prochain: ARTE 20:45

Mai 2001, la fièvre du Loft envahit la France. Lancée deux ans auparavant aux Pays-Bas sous le nom de Big Brother, l'émission déchaîne les passions - de l'adoration au rejet. Mais Loft Story n'est que la partie émergée de l'iceberg "télé-réalité".

Jean-Jacques Beineix a exploré le phénomène en menant de nombreux entretiens et livre un documentaire riche, foisonnant, captivant. Suit le film Late Show, dans lequel Harald Schmidt et Thomas Gottschalk, stars du petit écran en Allemagne, interprètent une savoureuse satire des milieux de la télévision.
Documentaire de Jean-Jacques Beineix Coproduction : ARTE France, Cargo Films (France, 2002-1h20mn)

"Le Loft, c'est nul mais tout le monde le regarde." Premier paradoxe. La jeune fille qui le formule fait partie d'un groupe d'adolescents que Jean-Jacques Beineix a filmés en train de regarder Loft Story.

"Le produit est mauvais sociologiquement. La publicité a été exceptionnelle et le produit a formidablement marché. Donc, quelque part, le produit est bon", raisonne Jacques Séguéla. Jean-François Kahn évoque "tous ceux qui ont regardé en disant 'Mais pourquoi ces cons regardent cette chose incroyable ?'", et Françoise de Panafieu rapporte les propos de ses enfants : "C'est nul et j'adore"...

En effet, "le néant est excessivement attractif", explique Vincent Cespedes, philosophe. Du néant de Loft Story, Jean-Jacques Beineix tire une matière à réflexion riche, complexe, aux vastes ramifications : ce n'est pas le moindre des paradoxes de son documentaire. Le réalisateur de Diva et de 37°2 le matin a rencontré des intellectuels (Jacques Attali, Philippe Sollers...), des psychiatres, psychologues, psychanalystes (Gérard Miller, Serge Tisseron...), des hommes et des femmes politiques (Roselyne Bachelot, Noël Mamère...), des journalistes (Edwy Plenel, David Dufresne...), des sociologues (Dominique Mehl, Jean-Claude Kaufmann), un sémiologue (François Jost), un jésuite professeur de philosophie (Luc Pareydt), des hommes de télévision (Michel Field...).

Il a également interrogé les responsables de l'émission de M6 : Thomas Valentin, directeur des programmes de la chaîne, Alexia Laroche-Joubert, chef de projet de Loft Story, Angela Lorente, rédactrice en chef. Enfin, il a filmé des spectateurs : des ados, filles et garçons de 16 à 20 ans, M. et Mme Lusseau, dirigeants d'entreprise. En retrait par rapport à ses interlocuteurs, il les lance, les confronte parfois par propos interposés, et intercale quelques respirations (un drôle de personnage mécanique qui tire la langue...), façon de prendre du recul par rapport au flux de paroles.

La juxtaposition de ces témoignages pousse à la réflexion, fait naître des questions, aborde de multiples thèmes : le conflit des générations, le divorce entre culture de l'élite et culture populaire, le sexe à la télé, la rupture entre les citoyens et les hommes politiques, la frénésie de consommation, l'accélération du système médiatique, la transfiguration du banal, la "fictionnalisation" du réel...

Alors ? Télévision poubelle ou "formidable accélérateur de particules télévisuelles" (Field) ? Phénomène de désertification culturelle ou mise en valeur de l'intimité, du quotidien ? Jean-Jacques Beineix ne prétend pas trancher. "Des millions de gens ont regardé Loft Story ; analyser les regards portés sur cette émission, c'est donc aussi s'intéresser à ces millions de spectateurs."

extraits de la présentation du site d'arte

:o) toujours dans une logique du pour ou du contre ... et ceux qui s'en foutent y sont où ????


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