Eloquence d'Orion

Tu te ronges d'appartenir à un peuple mangeur de chevaux, esprit et estomac mitoyens. Son bruit se perd dans les avoines rouges de l'événement dépouillé de son grain de pointe. Il te fut prêté de dire une fois à la belle, à la sourcilleuse distance les chants matinaux de la rébellion. Métal rallumé sans cesse de ton chagrin, ils me parvenaient humides d'inclémence et d'amour.

Et à présent si tu avais pouvoir de dire l'aromate de ton monde profond, tu rappellerais l'armoise. Appel au signe vaut défi. Tu t'établirais dans ta page, comme l'ambre gris sur le varech échoué ; puis, la nuit montée, tu t'éloignerais des habitants insatisfaits, pour un oubli servant d'étoile. Tu n'entendrais plus geindre tes souliers entrouverts.

R. Char, Le Nu perdu

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