Le cabaret mystique

Acte un : Tous les mercredis, vers 18 heures, le Saint Fiacre, un café parisien du vingtième arrondissement, cesse d'être le tranquille bistrot de quartier qu'il est tous les autres jours de la semaine. Installé derrière l'une des tables recouverte pour l'occasion d'une nappe pourpre, Alejandro Jodorowsky donne des consultations gratuites de tarot. Ce ne sont pas des consultations divinatoires ou annonciatrices du futur. Plutot tournées sur le passé, la famille et le profil de la personne qui vient consulter. Les convaincus et les curieux font cercle autour de la table, les premiers pour consulter le "mage", les seconds pour assister au spectacle. C'est ce que Jodorowsky appelle très justement son "Cabaret mystique". Les clients étalent les tarots sur la table et prélèvent trois cartes dans le jeu. Entre chaque consultation, Jodorowsky boit un peu de thé avant de retourner, en souriant, les trois cartes puis de prendre la parole avec ce délicieux accent chilien pour proposer ses actes psychomagiques, actions aux allures surréalistes qui ont pour but de déclencher un changement dans l'inconscient des consultants.

Acte deux : la conférence. 20 heures, au dernier étage de la salle de sport qui jouxte le Saint Fiacre, les 200 personnes présentes -les mêmes, auxquelles sont venus s'ajouter d'autres convaincus et d'autres curieux- se déchaussent pour ne pas abîmer le tatami. La dimension carnavalesque de l'enseignement de Jodorowsky doit beaucoup à la façon dont il est dispensé. Commentaire d'écritures, il singe dans sa forme les enseignements religieux traditionnels mais les textes que commente Jodorowsky n'ont rien de sacré puisque ce sont des recueils... d'histoires drôles bon marché. En rebondissant sur les contradictions que pointent ces histoires, en les rapportant à des situations que ses clients lui exposent au cours de ses consultations, il improvise pendant près d'une heure et demie une conférence en forme de one man show. Traité de façon "surréaliste", drôle et souvent juste, le thème plutôt austère de la soirée : la perfection et l'excellence, débouche sur l'énoncé de principes moraux "libertaires" qu'on peut avoir l'impression d'avoir déjà entendus mille fois mais qu'il est toujours bon d'entendre répéter.

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