Roland Barthes en ligne
Pour ceux qui aiment ceux qui aiment les mots qui aiment ceux qui le leur rendent bien, une petite visite sur ce site vous offrira quelques moments agréables.
Evidemment, en plus, ou en dessous de ces principes, il y a des raisons techniques, de technique du sens, à emprunter des mots grecs. Premièrement, le déplacement des connotations : le... l'expression, par exemple, " vie solitaire ", n'est-ce pas, ne connote aucune structure de règles, ce n'est pas un être sémantique, tandis que monôsis connote la règle du monachos, c'est-à-dire du c... du célibataire. Deuxièmement, le mot grec pointe un concept qui fait à la fois or..., pour nous, origine, image et dépaysement ; c'est très important, n'est-ce pas. Un mot grec, cela fait, pour nous, à la fois origine, c'est une origine, c'est une image et c'est un dépaysement et c'est... nous devons ménager dans le paysage de notre propre langue des... des perspectives de dépaysement. Enfin, troisièmement, le mot grec globalise une notion et l'emphatise. Il marque un résumé, une ellipse, et de là alu... assure une opération féconde de dépliement, n'est-ce pas. D'une man... d'une manière générale, ce serait un dossier à ouvrir... encore un sujet de troisième cycle, pour ceux qui en chercheraient, ce serait le dossier des mots-concepts d'une langue insérés dans un autre idiome. Vous pensez bien que je... je vise ici l'énorme problème des mots allemands, venus de Freud, et qui sont importés dans la psychanalyse. Alors, tout le monde sait que ces mots venus de Freud et passés, soit en allemand, soit, dans un effort de traduction, en français, engendrent une sorte de sophistique baroque et des arguties de traduction, n'est-ce pas. On a lutté d'une façon sanglante, presque comme à l'intérieur d'une guerre de religion, autour du mot Trieb, n'est-ce pas, qu'on traduit par " pulsion " ou, comme avec Lacan, par " dérive ", n'est-ce pas ; pulsion et dérive, c'est pas du tout la même chose. Alors, pour éviter d'avoir à prendre parti, on donne le mot en allemand, Trieb, et à partir de là on peut s'arranger. Et ça, c'est extrêmement important, n'est-ce pas, c'est extrêmement important de... de faire germer des mots étrangers dans notre langue, parce que c'est un travail à même le signifiant, qui est toujours préférable au travail sur le signifié.
Pour ceux qui aiment ceux qui aiment les mots qui aiment ceux qui le leur rendent bien, une petite visite sur ce site vous offrira quelques moments agréables.
Evidemment, en plus, ou en dessous de ces principes, il y a des raisons techniques, de technique du sens, à emprunter des mots grecs. Premièrement, le déplacement des connotations : le... l'expression, par exemple, " vie solitaire ", n'est-ce pas, ne connote aucune structure de règles, ce n'est pas un être sémantique, tandis que monôsis connote la règle du monachos, c'est-à-dire du c... du célibataire. Deuxièmement, le mot grec pointe un concept qui fait à la fois or..., pour nous, origine, image et dépaysement ; c'est très important, n'est-ce pas. Un mot grec, cela fait, pour nous, à la fois origine, c'est une origine, c'est une image et c'est un dépaysement et c'est... nous devons ménager dans le paysage de notre propre langue des... des perspectives de dépaysement. Enfin, troisièmement, le mot grec globalise une notion et l'emphatise. Il marque un résumé, une ellipse, et de là alu... assure une opération féconde de dépliement, n'est-ce pas. D'une man... d'une manière générale, ce serait un dossier à ouvrir... encore un sujet de troisième cycle, pour ceux qui en chercheraient, ce serait le dossier des mots-concepts d'une langue insérés dans un autre idiome. Vous pensez bien que je... je vise ici l'énorme problème des mots allemands, venus de Freud, et qui sont importés dans la psychanalyse. Alors, tout le monde sait que ces mots venus de Freud et passés, soit en allemand, soit, dans un effort de traduction, en français, engendrent une sorte de sophistique baroque et des arguties de traduction, n'est-ce pas. On a lutté d'une façon sanglante, presque comme à l'intérieur d'une guerre de religion, autour du mot Trieb, n'est-ce pas, qu'on traduit par " pulsion " ou, comme avec Lacan, par " dérive ", n'est-ce pas ; pulsion et dérive, c'est pas du tout la même chose. Alors, pour éviter d'avoir à prendre parti, on donne le mot en allemand, Trieb, et à partir de là on peut s'arranger. Et ça, c'est extrêmement important, n'est-ce pas, c'est extrêmement important de... de faire germer des mots étrangers dans notre langue, parce que c'est un travail à même le signifiant, qui est toujours préférable au travail sur le signifié.
Commentaires