LA SIRÈNE ROUGE : N'allez pas voir le film mais lisez le livre

Comme souvent, le cinéma s'apprette à rendre un bon polar aussi insignifiant qu'infâmant ... . Depuis ma toute petite subjectivité de lecteur et de fan, "La sirène rouge" n'est pas le meilleur de Dantec mais son premier et tient très bien la route du polar classique tout en pulvérisant déjà timidement un français habituellement lent et mollasson. Avec respect pour vos souvenirs, le chemin à faire n'est sûrement pas celui qui mène du livre au film mais l'inverse ... bien qu'on soit encore libre dans ce pays.

La Sirène rouge
L'histoire
: Alice, une adolescente de 12 ans, se présente au commissariat d'Amsterdam, une vidéo à la main, et demande à parler d'urgence à l'inspectrice Anita Van Dyke. Elle lui apprend que sa mère est une meurtrière comme le prouve la cassette. En la visionnant, l'inspectrice découvre "le premier assassinat filmé de sa carrière". L'enquête commence mais Alice, pourtant sous la protection de la police, s'échappe et se cache dans la voiture d'Hugo qui fait partie d'un réseau clandestin international en lutte contre les totalitarismes. L'enfant veut se rendre au Portugal pour retrouver son père et Hugo accepte de l'aider. Ensemble ils vont traverser l'Europe, pris en chasse par les tueurs de la mère d'Alice, qui dirige un trafic clandestin de snuff movies.

Malgré l'épaisseur du volume, cette aventure rocambolesque truffée de rebondissements se lit d'une traite. Le dynamisme de l'écriture tient le lecteur en haleine tout au long de ce roman déjà considéré comme un classique."
--Nicolas Mesplède


Le film:
"Pareil scénario est menacé du ridicule", écrivait le critique du Monde à propos du roman éponyme de Maurice G. Dantec lors de sa parution. Malgré le renfort de quatre scénaristes pour l'adaptation à l'écran (où à cause de ?), la menace devient réalité. Elle est aggravée par une réalisation se résumant à une collection d'imagerie gadget, de sentimentalisme niais et de violence gratuite. Le voyage de la petite fille accompagnée d'un gentil mercenaire et traquée par sa mère tueuse vers le havre paternel aligne les rebondissements mollassons et crétins, un dialogue indigent, les clichés sentimentaux, politiques et paysagers avec une confondante prétention. Plongés dans une telle mélasse, les comédiens n'ont aucune chance. Le seul intérêt de l'entreprise est de se vouloir "film européen" (casting cosmopolite en english vernaculaire) : sa faiblesse prouve qu'à vouloir imiter les plus grossières recettes hollywoodiennes sans en avoir ni le savoir-faire ni les moyens on sombre, effectivement, dans le plus total ridicule.
Jean-Michel Frodon

Film français d'Olivier Megaton. Avec Alexandra Negrao, Jean-Marc Barr, Asia Argento, Frances Barber. (1 h 58.)
extrait du monde - actualité cinéma.


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